Edouard Georges RODRIGUES
HENRIQUES
(14.10.1830 - 23.4.1885)
Georges RODRIGUES HENRIQUES, (le prénom Edouard qui
lui venait de son oncle qui avait alors 34 ans, fut rapidement délaissé),
est né le 14 Octobre 1830 à Châtillon sous Bagneux où
il fut baptisé le 30 Octobre suivant. Son père Henri Aaron R.H.
avait alors 32 ans et sa mère Désirée Vieyra-Molina. 22
ans. Elevé dans la foi catholique, il fera sa première communion
à Sèvres, le 22 Septembre 1840.
On ne sait précisément où et quelles études il fit.
Il vivait alors chez ses parents à Paris. Ce n'est en effet qu'en 1853
que son père achètera le
Château des Lions (détails).
La même année, sa soeur Louise qui n'a encore que 16 ans, épouse
Eugène BRUN-PAIN.
En 1855, Henri R.H. son père qui a 57 ans, déjà sérieusement
handicapé par la maladie et qui marchait difficilement (il souffrait
probablement de la goutte), propose à son fils de lui succéder
dans sa charge d'Agent de Change près la Bourse de Paris. Georges qui
a alors 25 ans refuse, ne souhaitant pas encore travailler. Il aurait déclaré
à cette occasion: "On ne travaille pas quand on a une certaine
fortune personnelle, pour ne pas prendre la place de celui qui en a besoin..."
Sa mère, tout en l'admirant affectueusement, ne se fardait pas la vérité;
dans une lettre qu'elle lui adresse, elle lui écrit : "Travaille
Georges , mon paresseux chéri ".
Georges R.H. est alors beaucoup plus intéressé par la contemplation
de la nature et la peinture et il s'inscrit aux
cours de PICOT, artiste-peintre très en vogue à l'époque.
Cependant devant l'insistance de ses parents, le 18 Février 1857, Georges
R.H. succède à son père dans sa Charge d'Agent de Change
près la Bourse de Paris. Nanti désormais d'une honorable situation,
Georges est mariable ! Justement, Alexandre de LAFAULOTTE ,
un proche ami de la famille Rodrigues, a une fille, Lucie,
en âge de se marier: elle a 21 ans et est ravissante. Son grand-père
Pierre-Jacques DIDIER est celui dont Henri Aaron R.H. a acquis la Charge d'Agent
de Change, que détient désormais Georges R.H. Le mariage de Georges
Rodrigues Henriquès et de Lucie de Lafaulotte se déroulera à
l'Eglise de la Madeleine à Paris, le 25 Mai 1858. Le nouveau ménage
habite Paris, 48 rue de Londres. Georges a 28 ans.Ce fut semble-t-il la dernière
joie de son père qui devait s'éteindre quelques semaines après,
le 22 Octobre 1858, à l'âge de 60 ans seulement.
Dès l'année suivante, Marie leur premier enfant est mise au monde;
elle deviendra plus tard Madame Georges d'EICHTAL. Puis en 1860, c'est Valentine
( la Tante Valente) qui épousera Raymond LARSONNIER futur parrain
de Janine DURNERIN SIMEON, et Henri en 1864. qui prendra pour femme Emma CREPY.
Malheureusement cette suite d'heureux évènements sera interrompue
par la mort en 1866 au Château des Lions, de la mère de Georges,
Désirée VIEYRA MOLINA- elle n'avait que 58 ans. Elle est inhumée
au Père Lachaise (Allée du Dragon).
Georges et Lucie R.H. auxquels a été légué le Château
des Lions à Port Marly, vont prendre alors possession des lieux et partageront
leur temps entre Paris où ils passent 5 mois par an et Les Lions. Georges
décide à cette occasion de se défaire de sa Charge d'Agent
de Change (qu'il n'aura exercée que pendant un peu moins de
9 ans) et pour ce faire la vend à tempérament; il ne sera jamais
complètement payé; peu lui importe, il peut désormais s'adonner
sans contrainte à son hobby, la peinture de la nature. A-t-il
dès ce moment des relations avec Camille COROT qui loge chez
ses parents à Ville d'Avray ?
Quoiqu'il en soit, un nouvel enfant vient au monde, c'est Louise en 1868. Elle
deviendra plus tard Madame Maurice LABROSSE- LUUYT - notre aïeule directe.
Brutalement au cours de l'été 1870, la guerre éclate entre
la France et la Prusse. Par précaution, Lucie envoie alors ses enfants
en provjnce avec sa sœur Marie chez un de leurs parents habitant Tours,
Henri Gouïn. Les Gouïn sont par ailleurs de proches parents depuis
le mariage de la seconde fille d'Edouard R.H., Mathilde, avec Ernest Gouïn.
L'hôtel particulier de la famille Gouïn, où ils vécurent
à ce moment là est devenu depuis le Musée de la
ville de Tours.
Georges R.H. est alors mobilisé dans la Garde Mobile et affecté,
compte tenu de son âge (40 ans) et de ses charges de famille (4 enfants),
à la défense des fortifications et des ministères à
Paris. La famille abandonne ainsi -provisoirement- le Château des Lions.
Elle a bien fait, car les Prussiens vont bientôt l'occuper, sans grands
dommages heureusement. Paris est dès lors assiégé. Edouard
R.H., J'oncle de Georges et propriétaire du Château voisin de Bois
Préau l'évacue pour se réfugier à Fontainebleau.
La famille est dès lors dispersée et communique par lettres envoyées
par ballon monté. Il ne semble pas, malgré les tragiques circonstances
du moment, que la famille ait subi de graves dommages du fait de cette malheureuse
guerre.
Celle-ci achevée et les évènements qui suivirent (la Commune
et la répression Versaillaise) passés apparemment sans drame pour
les Rodrigues, la vie reprit son cours paisible au Château des Lions.
Au cours des années 1872 et 1873, Georges Rodrigues et son épouse Lucie reçoivent beaucoup d'artistes et d’écrivains aux Lions. Camille COROT notamment, très lié à son ami Georges, y effectuera plusieurs séjours au cours desquels il peindra un certain nombre de petits tableaux, représentant dans deux cas au moins. des membres de la famille. Six de ces oeuvres demeureront au Château. En 1998, il n'en reste plus qu'une dans la descendance de la famille... Georges R.H. et Camille Corot peindront ensemble des paysages de bords de Seine situés à proximité immédiate du Château (Bois Prunay). Charles DAUBIGNY. Eugène DELACROIX. Alexandre DUMAS, Georges FEYDEAU, Eugène LABICHE pour n'en citer que quelques uns, furent ainsi des hôtes de nos châtelains.
Cette même année 1873 sera celle de la naissance du cinquième
et dernicr enfant de Georges et Lucie.: il s'agit d'une petite Jeanne qui deviendra
ultérieurement Madame Jean ROLAND GOSSELIN. I.ucie a alors 36 ans. Les
premières communions et les mariages des moins jeunes succèdent
aux baptêmes. Les festivités n'arrêtent plus: ce sont les
mariages successifs en 1878 et 1879 de Marie R.H. avec Georges d'EICHTAL et
de Valentine R.H. avec Raymond LARSONNIER. Mais Georges R.H. a probablement
une mauvaise santé, il vieillit apparemment mal, une photo familiale
prise en 1884 sur le perron du Château des Lions en témoigne: Georges
qui n'a que 54 ans en paraît ici facilement 80! Cette photo a été
prise peu de temps après le succès au concours d'entrée
à l'Ecole Centrale de son fils Henri au mariage duquel il n'assistera
malheureusement pas ( Henri épousera le 30 Avril 1894 Emma CREPY).
En effet dans les mois qui suivent, le 23 Avril 1885, Georges RODRIGUES HENRIQUES
décède, muni des sacrements de l'Eglise, dans son appartement
parisien de la rue de Londres, des suites d'une fièvre typhoïde.
Il n'avait pas 55 ans.
Son épouse, Lucie de LAFAULOTTE, lui survivra de longues années.
A la fin de sa vie, elle se retirera à Paris dans un appartement rue
de Berri. Elle décèdera au Château des Lions le 18 Juin
1907 munie elle aussi des sacrements de l'Eg:lise. Tous deux sont inhumés
dans le caveau familial des RODRIGUES au Père-Lachaise
Du 26 juin au 21 Octobre 2001, le Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid a organisé une exposition centrée autour du tableau de Corot "Le Parc des Lions à Port-Marly", de 1872. Nous extrayons du catalogue le passage suivant:
Le Parc des Lions à Port-Marly, peint par Corot en
août 1872, à l'âge de soixante-seize ans, durant son séjour
de dix jours à Port-Marly dans la propriété de son ami
et disciple Georges Rodriguès Henriquès, est un important exemple
de l'ultime période de sa carrière, où son style s'est
désormais pleinement affirmé. Face à cette toile du Musée
Thyssen-Bornemisza, est présenté un ensemble d'œuvres qui
nous offre l'opportunité d'étudier la relation de Corot avec la
famille Rodriguès-Henriquès: trois paysages que l'artiste peignit
à Port-Marly durant l'été 1872 - La boucle de la Seine
à Port-Marly, Bacchanale à la fontaine, Souvenir
de Marly-le-Roi, Madame Stumpf et sa fille - ainsi que d'autres
œuvres ayant appartenu à cette famille. S'y adjoint un
paysage que réalisa Georges Rodriguès-Henriquès
lui-même durant cette période. Cette exposition constitue une occasion
magnifique d'admirer l'habileté de l'artiste français à
représenter la poésie du paysage et à inspirer l'émotion
de façon aussi convaincante.