LE CHÂTEAU DES LIONS

Le Château des LIONS, situé à proximité de la Seine sur la commune de PORT-MARLY, fut acquis par notre aïeul Henri RODRIGUES-HENRIQUES en 1853. Il demeurera dans la famille jusqu'en 1926.

Henri RODRIGUES-HENRIQUES avait alors 55 ans. Voici son portrait. Syndic des Agents de Change sur la place de Paris depuis 20 ans, il avait épousé en 1826 à l'âge de 28 ans Désirée VIEYRA-MOLINA, dont voici le portrait. Tous deux étaient israélites et se convertirent à la foi catholique, elle à l'occasion de son mariage, lui un an auparavant. Ils eurent trois enfants dont le second (Arthur) devait hélas mourir à l'âge de cinq ans. Leurs deux autres enfants, Georges et Louise avaient, en 1855, respectivement 25 et 18 ans et étaient encore tous deux célibataires.

Le Château des Lions était en fait, à ce moment, une construction assez récente puisqu'il avait été bâti en 1806 sur l'emplacement d'un précédent château rasé cette année là. Son premier propriétaire s'appelait Mr. BEZUCHET. Il fut revendu par la suite successivement au Marquis de FERRETI (1824), à Mr. BRUNET (1835), enfin à Mr. de VILLEBRESME (1837). Le château était entouré d'un parc de 17 hectares.

Une des particularités les plus remarquables de ce château était la présence dans une des chambres, celle dite de Jacques II, d'une série de 50 toiles peintes par Simon VOUËT entre 1627 et 1634. Cet ensemble provenait du Château de Colombes où séjournait Henriette de France, veuve exilée de Charles Ier d'Angleterre. Elles furent transférées au Château des Lions entre 1824 et 1837. Le Château de Colombes a été démoli en 1846.Il s'agissait de peintures à l'huile murales et d'un plafond, sur enduit, transposées par la suite sur toile par HACQUIN, restaurateur des tableaux du Roi Louis XVI. Le thême de ces toiles est l'union des amours avec Bacchus et Vénus, auxquels se joignent les nymphes.

Après la mort d'Henri R.H. (1858) et de son épouse Désirée VIEYRA-MOLINA(1866), la propriété du château échut à leur fils Georges qui avait épousé en 1858 Lucie ETIGNARD DE LA FAULOTTE. Ceux-ci avaient alors déjà trois enfants : Marie (Mme. Georges d'EICHTAL), Valentine (Mme. LARSONNIER, marraine de Janine DURNERIN-SIMEON) et Henri R.H. qui épousa par la suite Emma CREPY. Deux autres enfants devaient naître dans les années suivantes : Louise (1868 ) qui épousa en 1888 Maurice LUUYT et Jeanne (1873) qui deviendra Mme.Jean ROLAND GOSSELIN.

Georges RODRIGUES HENRIQUES, dont voici le portrait, qui avait succédé à son père dans sa charge d'Agent de Change à Paris, conserva celle-ci jusqu'en 1866.Passionné par la peinture, il revendit cette année là, à tempérament, sa Charge pour se retirer dans son Château des LIONS où il passa désormais une grande partie de son temps à lire, peindre, recevoir sa famille, hommes de lettres et artistes demeurant dans les environs.

Camille COROT séjourna aussi à plusieurs reprises aux LIONS au cours des années 1872-1873 et c'est lors de ces passages qu'il fut amené à peindre au moins trois toiles représentant, dans le parc du Château, certains des membres de la famille. Un de ces tableaux fut vendu par la suite au Baron THYSSEN dans la collection duquel il figure toujours (nous en avons une photographie en couleurs grandeur nature), un autre qui appartint par la suite à notre Oncle Henri LUUYT lui a été volé, le dernier est revenu par succession à notre neveu Marc-Henri PINEAU.

Après la mort de Georges R.H.(1885) et de son épouse Lucie (1907), le Château fut mis en indivision entre leurs cinq enfants. Malgré sa taille imposante, son usage par cinq ménages et seize petits enfants allant de 7 à 28 ans, devait poser quelques problêmes de voisinage. C'est alors que dans un premier temps, Jeanne et Jean ROLAND-GOSSELIN, un des indivis, firent construire dans le parc du Château un châlet qu'ils baptisèrent LES LIONCEAUX et qu'ils occupèrent désormais avec leurs quatre enfants (Familles BELLAIGUE, LARCHER, DUBOIS-TAINE).

En 1926, la "Tante Emma" (CREPY), épouse d'Henri R.H., autre indivis, estimant que "18 ans d'indivision, ça suffit!", déclara vouloir s'en retirer, malgré les protestations de ses beaux-frères et belles-soeurs. Nul n'étant tenu de rester dans l'indivision, le Château fut mis en vente cette même année 1926. Il fut acheté avec ses dépendances et son parc pour la somme de 240.000 Francs de l'époque, soit un peu plus de 75 millions de nos francs actuels (1996). L'acheteur était un marchand de biens qui s'empressa de lotir le parc. A quelque temps de là, il fit faillite. Le Château fut alors racheté par un coiffeur qui vendit la toile du plafond, peinte par Simon VOUËT, à qui ? Nul ne l'a jamais su.

En 1953, la Municipalité de PORT-MARLY racheta le Château et, après transformations, y installa sa Mairie en 1971. La chambre dite de Jacques II où se trouvent encore 28 toiles de DORIGNY (notamment les voussures et coins) désormais classées, est devenue la salle des mariages.