Les Frères PEREIRE Nos rapports familiaux avec eux
sont un peu compliqués. Emile a épousé Rachel Herminie RODRIGUES-HENRIQUES.
Isaac a épousé en secondes noces sa nièce Fanny Pereire, fille d'Emile. De ce
fait, tous les descendants d'Emile sont nos "cousins" Rodrigues-Henriques, mais
parmi les enfants d'Isaac, seuls ceux issus de son second mariage sont nos "cousins". Ce dernier point est toutefois discutable.
En effet, l'ascendance paternelle des PEREIRE est aussi portugaise, leur vrai
nom étant RODRIGUES PEREIRA. Il est possible que les Rodrigues-Pereira soient
cousins des Rodrigues-Henriques, mais nous n'en avons pas de preuve absolue
pour l'instant. D'après le livre de Jean AUTIN, cité plus loin, un de leurs
ancêtres, Francisco-Antonio-Jacob Rodriguez Pereira, né à Berlangua le 11 avril
1715, était le fils de Jean-Abraham Rodriguez et de Léonor-Abigail Henriques
Rodriguez. Il est tentant de faire le rapprochement entre cette Henriques
Rodriguez et nos Rodrigues Henriques. Un peu de biographie:
Emile travailla à Bordeaux chez
Nunes et Hardel (1815-1818). Venu à Paris en 1822, il y fut d'abord courtier
de change. Il adhéra au saint-simonisme (dont nous parlerons ailleurs). Il collabora
au "Globe" (1824), au "Producteur" (1825) et au "National" (1830). Membre du
2ème degré du collège saint-simonien (juin 1831), Il quitta les saint-simoniens
en 1831. Il s'intéressait aux voix ferrées;
il réclama, dans un article du "National" du 22 septembre 1832, l'intervention
de l'Etat dans ce domaine. En 1834, il quitta le "National". Associé aux trois
ingénieurs saint-simoniens Lamé, Clapeyron et Stéphane Flachat, il passa trois
ans (1832-1835) à chercher les cinq millions nécessaires pour construire la
ligne de Paris à Saint-Germain en Laye, tandis que ceux-ci en
faisaient le tracé. En 1835, il fonda la compagnie du chemin de fer Paris-Saint-Germain
en Laye; dès lors, avec son frère Isaac, il multiplia les initiatives et les
succès dans les domaines industriels et financiers. En 1863-1869, Emile Pereire était
député de la Gironde. Entreprises financières
et industrielles des frères Pereire: La compagnie du chemin de fer Paris-Saint-Germain
en Laye fut fondée en 1835 avec la participation des banquiers James de Rothschild
et Adolphe d'Eichtal et Thurneyssen et de l'entrepreneur Samson Davillier. La
ligne traversait le futur 17ème arrondissement par le (futur) boulevard
Pereire. Les frères Pereire possédaient là de grands terrains, de même qu'Ernest
Gouin dont les ateliers de construction devinrent Spie-Batignolles. En 1842,
mise en service de la gare Saint-Lazare. En 1844, mise en service de la gare
de marchandises Paris-Batignolles. Après s'être consacrés à la construction,
l'exploitation et l'administration des premières lignes de chemin de fer françaises
(Paris-Saint-Germain en Laye 1835, lignes du Nord, de Lyon, Compagnie du Midi
1852). Les frères Pereire fondèrent une
société, le Crédit Mobilier (1852), pour le prêt à long terme aux industriels,
innovation qui les brouilla avec les Rothschild. Acquisition de l'Etablissement
thermal de Vichy (1853). Société Autrichienne des chemins de fer de l'Etat (1854).
Compagnie générale Maritime (1855). Compagnie des Omnibus (1855). Crédit mobilier
espagnol (1855). Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz
(1855). Sociétés d'assurances "La Confiance" et "La Paternelle" (1859). Compagnie
générale Transatlantique (1861). Blanchisseries de Boulogne (pour la Compagnie
Transatlantique). En 1861, Morny obligea les Pereire
à sauver de la banqueroute le banquier Mires (fondateur de la Société des Ports
de Marseille) en lui abandonnant 15.000 actions du chemin de fer de Pampelune
à Saragosse. Chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire (1863). Inauguration du Paris-Madrid
(1864). En 1867, la faillite et la liquidation du Crédit mobilier, qui avait
été un des moteurs de l'essor industriel sous le Second Empire, leur fit perdre
leur rôle de premier plan. En 1871, procès du Crédit Mobilier et de la Compagnie
Immobilière. Entreprises immobilières
des frères Pereire : En 1856, les frères Pereire fondèrent
la Société Immobilière. Ils achetèrent et lotirent de nombreux terrains notamment
dans la plaine Monceau (par exemple une bonne partie de la superficie de l'ancien
parc Monceau). Principales opérations immobilières: -- à Arcachon: ville d'Hiver (1862, construite par Paul
Regnauld) Ce furent les difficultés de la Société
Immobilière qui amenèrent, en 1867, la faillite et la liquidation du Crédit mobilier.
Autres entreprises des frères Pereire : Acquisition de château Palmer (1853),
domaine viticole à Cantenac, près de Château Margaux. En 1854, acquisition de
l'hôtel de la place Vendôme, siège social du Crédit Mobilier, aujourd'hui hôtel
Ritz. En 1855, acquisition de l'hôtel du 35, faubourg Saint-Honoré, hôtel particulier
des Pereire, aujourd'hui Ambassade d'Angleterre. En 1862, construction du chalet
Pereire à Arcachon. En 1852, les Pereire avaient acquis une partie des forêts
de Crécy et d'Armainvilliers, en bordure des domaines des Rothschild. Le château
Pereire à Armainvilliers (atteint par des bombes en 1944, puis détruit) fut construit
en 1862-1864 par Edouard Renault (1808-1886), qui avait édifié en 1843 avec Lechesne
la maison ornementée de la place Saint-Georges; le parc fut aménagé par Barilhier.
Ainsi, vers 1870, les voisins du domaine Pereire étaient: -- au nord, le magnifique
château de Ferrières, construit par Paxton et propriété d'Edouard de Rothschild
-- à l'est, le château Rothschild d'Armainvilliers, au bord d'un grand étang,
propriété d'Edmond de Rothschild. Entre les Pereire et les Rothschild, dont les
châteaux voisinaient, c'était une opposition irréductible, au point que le chef
de gare de Gretz s'arrangeait pour éviter les rencontres. Emile Pereire organisa
personnellement l'exposition posthume des oeuvres du peintre Paul Delaroche (mort
en 1856 et auteur de "l'Assassinat du duc de Guise"). En 1862, les Pereire achetèrent
une collection de tableaux anciens en Espagne pour 450.000 F En 1862, les Pereire
projetèrent une Encyclopédie en 40 volumes; un comité fut constitué, dont le président
est Michel Chevalier et l'animateur Charles Duveyrier et qui tint régulièrement
ses séances en 1862 et 1863. En 1865, rebutés par la lenteur du travail, les Pereire
abandonnèrent le projet. Sainte-Beuve avait commencé pour cette Encyclopédie un
volume d'introduction, dont il n'est rien resté. En 1872, vente des collections
de tableaux des frères Pereire. En 1875, Isaac Pereire acquiert le journal "La
Liberté". Emile fut membre du Conseil général de Gironde de 1853 à 1875 et du
Corps Législatif de 1857 à 1870. Isaac fut membre du Corps Législatif de 1863
à 1870.
Emile (Jacob Emile Rodrigue Pereire
3.12.1800 Bordeaux - 6.1.1875 Paris VIII)
Et Isaac (Isaac Rodrigue Pereire, 25.11.1806 Bordeaux - 12.7.1880
Armainvilliers (77))
-- dans le 1er arrondissement: hôtel du Louvre (1854) rue de Rivoli
(en partie)
-- dans le 8ème arrondissement (parc Monceau): avenue Van Dyck, avenue
Ruysdael, avenue Velasquez, rue A. de Vigny, rue Murillo, pourtour du parc Monceau
-- dans le 9ème arrondissement: Grand Hôtel (1861, près de l'Opéra)
-- dans le 17ème arrondissement: avenue de Villiers, boulevard Malesherbes,
avenue de Wagram avenue Gourgaud, boulevard Pereire
(ainsi nommé en 1863, du vivant des frères Pereire). place Malesherbes, place
Pereire, place de Wagram rue de Prony, rue Legendre (en partie),
rue Jouffroy rue Brémontier (et A. de Neuville), rue Ampère, . . .
-- à Marseille: rue Impériale (1862, maintenant rue de la République) **
Note: Les Pereire avaient prévu de construire la gare principale à la Joliette;
ils virent leurs plans contrecarrés par leurs rivaux, notamment Paulin Talabot.
De ce fait la construction de la rue Impériale fut un échec financier et une
des principales causes de la faillite de la Société Immobilière et du Crédit
Mobilier.
-- près d'Arcachon: domaine de Marcheprime (acquisition de grands terrains en
1853) fondation du village de Marcheprime, avec son église et son école.
Bibliographie: on lira avec profit l'excellent livre de Jean AUTIN "Les frères Pereire, le bonheur d'entreprendre", Librairie Académique Perrin, Paris 1984.
Pour voir leur portrait ensemble ou celui de Emile ou encore celui de Isaac.