Robert HONNERT

(biographie due à Laurent FRANÇOIS)

Guillaume Jean Robert Honnert est né le 15 Mai 1901 à Malzéville (Meurthe et Moselle). En 1926, il publie un essai Corps et âme (N.R.F.) et en 1930, un magnifique recueil de poésies Les Désirs (N.R.F.), ainsi que La Vie du Maréchal de Richelieu en collaboration avec Marcel Augagneur (1904-1951). Les Désirs ont beaucoup de succès, et la critique prédit à Honnert un bel avenir de poète. Certains poèmes seront même mis en musique par Louis Beydts, un célèbre compositeur de l'époque.

Le 6 décembre 1932, Honnert épouse Jeanne Costantin (1898-1980), et leurs témoins sont le Comte Jean de Pange (1881-1957), homme de lettres, auteur d'un célèbre Journal en 4 volumes, et Philippe Van Tieghem, l'auteur de l'indispensable Dictionnaire des Littératures, publié aux P.U.F. en 1968, et cousin germain de Jeanne.

Tout semble aller pour le mieux. En 1933, il publie son premier roman, Mademoiselle de Chavières (Gallimard), et l'année d'après Lucifer, un long poème aux éditions du Trident. Parmi ses relations, on compte Jean Cocteau, l'indispensable Lucie Delarue-Mardrus, Jacques Maritain, Pierre de Nolhac, ou encore Henri de Régnier.

Poussé par le succès, il publie Madame Etienne Mettraz (N.R.F.), un roman étrange que la critique boude. Déçu, et désirant faire partager sa foi, il publie son dernier livre Catholicisme et Communisme, en avril 1937.

Dans le quatrième volume de son Journal, 1937-1939 (Grasset, 1975), Jean de Pange se souvient :
15 Mai 1939 . Mme Honnert donne de tristes nouvelles de son mari, maintenant interné à l'hôpital Beaujon... J'éprouve un frisson en voyant sombrer un de ces charmants esprits nés pour la poésie. Quel est le sens de ces destructions ? Je veux croire à cette réversibilité des mérites qui seule justifie le monde...
19 Mai 1939. La belle-soeur de Robert Honnert nous téléphone qu'il est mourant. Aussitôt après déjeuner, nous allons au nouvel hôpital Beaujon à Clichy, immense usine en briques où la maladie est traitée d'une manière industrielle. Honnert est dans le service "d'observation". Nous sommes reçus par Van Tieghem et sa soeur, belle-mère d'Honnert. Ils nous font entrer dans une chambre sans meubles, où la fenêtre est à deux mètres cinquante du sol...Honnert est là sur un lit, la tête renversée, les yeux mi-clos, la bouche ouverte ; seul le mouvement de la respiration soulevant ses bras prouve qu'il n'est pas mort. [...] Il n'y a que six ans et demi que j'étais témoin à leur mariage ! Comme la douleur les a vite terrassés ! Charmant poète, si affectueux ! [...]
22 Mai 1939. [...] Nous suivons le corbillard jusqu'à Saint-Germain-des-Prés où a lieu l'enterrement. J'ai envoyé ce matin à Nalèche un article sur Honnert où j'ai essayé de faire revivre cette âme qu'illuminait une flamme vive mais, hélas ! incommunicable. Les créateurs ne semblent pas pouvoir, même quand ils le veulent, laisser les autres puiser à leur source...

Robert Honnert décède à l'âge de 38 ans le 19 Mai 1939, à l'hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne (Hauts de Seine). Il est inhumé dans la 56e division du Père-Lachaise, à quelques tombes de celle d'un autre météore : Raymond Radiguet. En avril 1940, Le Divan publie 4 poèmes inédits en hommage au poète disparu l'année précédente.

Laurent FRANÇOIS